garde impériale
Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 19/10/2009
| Sujet: Te souviens-tu Jeu 5 Nov - 20:21 | |
| -------------------------------------------------------------------------------- TE SOUVIENS-TU? ( 1817 )
Te souviens-tu, disait un capitaine Au vétéran qui mendiait son pain, Te souviens-tu qu'autrefois dans la plaine Tu détournas un sabre de mon sein ? Sous les drapeaux d'une mère chérie, Tous deux jadis nous avons combattu ; Je m'en souviens, car je te dois la vie : Mais toi, soldat, dis-moi , t'en souviens-tu ?
Te souviens-tu de ces jours trop rapides Où le Français acquit tant de renom ? Te souviens-tu, que sur les pyramides, Chacun de nous osa graver son nom ? Malgré les vents, malgré la terre et l'onde, On vit flotter, après l'avoir vaincu, Notre étendard sur le berceau du monde : Dis-moi, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu ?
Te souviens-tu que les preux d'Italie Ont vainement combattu contre nous ? Te souviens-tu que les preux d'Ibérie Devant nos chefs ont plié les genoux ? Te souviens-tu qu'aux champs de l'Allemagne Nos bataillons, arrivant impromptu, En quatre jours ont fait une campagne : Dis-moi, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu ?
Te souviens-tu de ces plaines glacées Où le Français, abordant en vainqueur, Vit sur son front les neiges amassées Glacer son corps sans refroidir son coeur ? Souvent alors au milieu des alarmes, Nos pleurs coulaient, mais notre oeil abattu Brillait encore lorsqu'on volait aux armes : Dis-moi, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu ?
Te souviens-tu qu'un jour notre patrie Vivante encor descendit au cercueil, Et que l'on vit, dans Lutèce flétrie, Des étrangers marcher avec orgueil ? Grave en ton coeur ce jour pour le maudire, Et quand Bellone enfin aura paru, Qu'un chef jamais n'est besoin de te dire : Dis-moi, soldat, dis-moi, t'en souviens-tu ?
Te souviens-tu ... Mais ici ma voix tremble, Car je n'ai plus de noble souvenir ; Viens-t'en, l'ami, nous pleurerons ensemble En attendant un meilleur avenir. Mais si la mort, planant sur ma chaumière, Me rappelait au repos qui m'est dû, Tu fermeras doucement ma paupière, En me disant : Soldat, t'en souviens-tu ?
PAUL-EMILE DEBRAUX Ce poème, traitant du sort pitoyable des demi-soldes sous la restauration, connu en France un grand succès populaire. | |
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