La bataille de Champaubert (10 février 1814)Le contexte historiquePour la première fois depuis près de vingt ans, la France est envahie par les coalisés : l'armée du nord (150 000 hommes) avec Bernadotte ; l'armée de Silésie de Blücher (80 000) ; l'armée de Bohême (185 000) commandée par Swarzenberg...
Soit plus de 400 000 hommes qui vont faire face aux 100 000 soldats rassemblés à la hâte par l'Empereur.
Une anecdote historiqueAvant le signal de l'attaque, on dispose les Marie-Louise du 113ème de ligne. Marmont parcours les pelotons de tirailleurs en répétant les ordres.
Un soldat s'adresse à lui et lui dit : “Oh ! je tirerais bien mon coup de fusil, seulement je voudrais bien avoir quelqu'un pour le charger.”
Plus de 400 000 hommes vont faire face aux maigres corps reconstitués à la hâte par l'Empereur, soit 100 000 soldats dont 15 000 cavaliers. C'est pourtant avec cette petite armée, constituée de vieux grognards, mais aussi de jeunes conscrits : les “Marie-Louise”, sachant à peine tenir un fusil que Napoléon va obtenir plusieurs succès.
Son prestige impressionne toujours ses adversaires, ses décisions instantanées, ses attaques foudroyantes et ses mouvements imprévus, associées au courage et à l'enthousiasme de ses soldats vont lui permettre d'arracher une serie de victoire à l'Europe déconcertée.
8 févrierNapoléon est à Nogent sur Marne ; les renseignements qui lui parviennent indiquent que l'armée de Bohême ne bouge pas de Troyes, tandis que celle de Silésie forme une longue colonne sur la route de chalons à Meaux et passe par Montmirail.
Blücher veut en effet se porter sur Paris par la vallée de la Marne ; il estime qu'il n'aura devant lui que le corps de Macdonald, car Schwarzenberg doit retenir Napoléon sur la Seine.
Blücher, avec les corps d'York (17 000 hommes), de Kleist (20 000), de Kapzewitch (10 000), d'Olsuviev (8 000) et de Sacken (6 000), soit environ 60 000 soldats, progresse plein ouest. Napoléon va remonter plein nord par Sézanne pour le couper ; il hésite encore entre Montmirail et Champaubert ; il laisse Victor à Nogent et Gérard un peu en avant, à Pont-sur-Seine.
S'il est attaqué par des forces supérieures, il doit se retirer sur Nogent, où redoutes et barricades ont été construites en toute hâte, et faire sauter le pont derrière lui.
9 févrierParvenu à Etoges (à l'est de Champaubert), Blücher apprend le mouvement des français sur Sézanne. Conscient de l'étirement de son armée sur 50 km, il rappelle Sacken sur Montmirail et fait avancer les corps de Kleist et Kapzewitch vers Fère-Champenoise. Il pense que cette manœuvre intimidera son adversaire.
Cependant, en arrivant à Sézanne, l'Empereur reçoit une dépêche de Marmont lui indiquant qu'il n'a pas osé s'aventurer seul sur Champaubert, la place lui paraissant trop bien défendue. C'est donc celle-ci qui va être choisie...
Le 10 février : déroulement de la batailleAyant annulé les mouvements sur Montmirail, Napoléon met son armée en route. Marmont (6ème corps), précédé de la division de cavalerie Doumerc, débouche vers 9 heures en tête de l'armée sur la hauteur qui domine le Petit Morin.
Au lieu de faire sauter le pont de Saint-Prix et de se dérober, Olsufiev a pris position pour défendre le pont, appuyé par deux pièces de canon.
L'infanterie de Lagrange débouche avec peine des boues du terrain, traverse les marais de Saint-Gond, enlève le pont, pousse les Russes jusqu'à Baye et les attaque de front et de flanc.
Olsufiev se replie peu à peu sur Bannai et l'occupe fortement ; la brigade Pelleport, lancée sur le village, ne peut s'en emparer. Mais la division Ricard arrive, suivie de l'infanterie de Ney, et l'artillerie française ouvre le feu sur Bannai que les Russes évacuent rapidement.
La cavalerie Doumerc, précédée par les escadrons de service que commande le général Girardin, se lance pour atteindre la route de Paris avant les Russes ; ceux-ci gagnent Champaubert ; mais lorsque la division Ricard, qui a suivi la lisière des bois à l'Est de la route de Baye, se rabat par la route de Châlons sur le village de Champaubert et coupe aux Russes la retraite sur Etoges.
Olsufiev se rejette alors dans la direction de Montmirail, mais Bordesoulle se lance avec ses cuirassiers sur l'infanterie russe, l'accule aux étangs du Désert, enfonce ses carrés et la met en fuite. Le général Olsufiev, les deux généraux de division, 47 officiers et plus de 1800 hommes sont faits prisonniers. Seuls 1 500 hommes réussissent à fuir.
Les pertes russes sont 2 400 tués ou blessés, les français perdent 600 hommes et prennent 21 canons à l'ennemi.
Napoléon veut exploiter au maximum ce succès, il se dirige vers l'ouest pour battre les corps de Sacken et d'York, manœuvre qui lui permet d'envisager de prendre l'ennemi entre deux feux en utilisant le corps d'armée de Macdonald et celui d'Oudinot rappelé de Provins. Il laisse Marmont à Etoges et se dirige sur Montmirail.
(source LES BATAILLES FRANCAISES)