24 décembre 1800
Le soir du 24 décembre 1800, la capitale française est secouée par une violente explosion.
Le Premier Consul Napoléon Bonaparte a été visé par une «machine infernale» à l'instant où son carrosse s'engageait dans la rue Saint-Nicaise, sur le chemin qui mène de son palais des Tuileries à l'opéra, place Louvois, dans le quartier du Sentier (le passage Saint-Nicaise et l'opéra ont aujourd'hui disparu).
Le Premier Consul est miraculeusement épargné mais l'attentat fait autour de lui vingt-deux morts et cinquante-six blessés.
«Le fracas du coup, les cris des habitants, le cliquetis des vitres, le bruit des cheminées et des tuiles pleuvant de toutes part, firent croire au général Lannes, qui était avec le Consul, que tout le quartier s'écroulait sur eux», racontera Pierre Louis Desmaret, chef de la division de la police secrète.
Un coup à gauche Bonaparte se rend au spectacle comme si de rien n'était... sans se préoccuper du sort de son épouse Joséphine et de sa belle-fille Hortense, laquelle a été légèrement blessée, dans une autre voiture. Mais, dès le lendemain, il saisit le prétexte de l'attentat pour frapper le camp jacobin qui lui en veut d'avoir mis fin à la Révolution en instaurant un an plus tôt sa dictature.
Le Sénat dresse une liste de 130 proscrits et Joseph Fouché, ancien prêtre oratorien devenu ministre de la Police générale, en fait déporter pas moins de 95.
Fouché mène par ailleurs son enquête. Ses enquêteurs n'ont pas la tâche facile. Ils ne disposent pour tout indice que de la tête du cheval qui traînait la machine infernale. Avec celle-ci, ils font le tour des maquignons de Paris et identifient les acheteurs du cheval ! Fouché peut bientôt apporter la preuve au Premier Consul que l'attentat de la rue Saint-Nicaise a été en fait ourdi par les chouans royalistes.
Un coup à droite Qu'à cela ne tienne. Après avoir frappé à gauche, Bonaparte frappe à droite ! Il fait établir des tribunaux spéciaux pour punir les coupables. Parmi eux deux chefs royalistes, rapidement guillotinés...
Mais, vexé que Fouché l'ait contredit sur les responsables de l'attentat, le Premier Consul lui enlève le ministère de la Police et lui donne en compensation un siège de sénateur (lors du Georges Cadoudal, quatre ans plus tard, il se repentira de s'être momentanément séparé de son efficace ministre).
Le Premier Consul comprend que son pouvoir personnel et la stabilité du régime ne seront assurés que par la paix avec les Anglais et la réconciliation religieuse... Ce sera chose faite quinze mois plus tard. Et un petit délai supplémentaire permettra à Bonaparte de devenir consul à vie puis de prendre le titre de Napoléon 1er, empereur des Français... pour le meilleur et pour le pire......
(HERODOTE)